Qu’est-ce que l’éco-anxiété ? Une exploration de l’anxiété environnementale

Qu’est-ce que l’éco-anxiété ? Une exploration de l’anxiété environnementale

juin 18, 2023 Non Par Ludovic

L’éco-anxiété, un terme qui a gagné en popularité ces dernières années, est une forme d’anxiété déclenchée par la préoccupation pour l’environnement et le changement climatique. En 2021, le concept d’éco-anxiété a été largement discuté dans les médias et la littérature scientifique, mettant en lumière une réalité inquiétante : de plus en plus de personnes ressentent une peur chronique face à l’urgence environnementale.

Selon une étude réalisée en 2022 par l’Observatoire de l’éco-anxiété, plus de la moitié des 10 000 jeunes interrogés ont déclaré ressentir de l’éco-anxiété ou de la solastalgie, une forme de détresse psychologique liée à la dégradation de l’environnement. Les éco-anxieux, comme on les appelle, sont particulièrement préoccupés par les crises environnementales et le dérèglement climatique.

Véronique Lapaige, psychothérapeute spécialisée dans la santé mentale et l’environnement, explique que cette anxiété n’est pas pathologique. Au contraire, elle est une réponse normale à une situation anormale. « L’éco-anxiété n’est pas une pathologie, mais une réaction saine à une situation malsaine », dit-elle.

L’éco-anxiété peut se manifester de différentes manières. Certains éco-anxieux peuvent ressentir un sentiment d’impuissance face à l’ampleur des problèmes environnementaux. D’autres peuvent s’inquiéter de l’avenir de la planète et de la possibilité d’une catastrophe environnementale. Cette angoisse peut être accompagnée de troubles anxieux, de troubles alimentaires et même de paralysie.

Alice Desbiolles, épidémiologiste et auteure de « Voices on Climate Anxiety », explique que l’éco-anxiété est un phénomène mondial. Dans son enquête auprès de personnes de dix pays, elle a constaté que les plus inquiets sont souvent ceux qui sont les plus informés sur les menaces qui pèsent sur notre planète. « Les personnes qui s’inquiètent le plus de l’éco-anxiété sont souvent celles qui sont les plus informées sur les problèmes environnementaux », dit-elle.

Le chercheur australien Glenn Albrecht a été le premier à utiliser le terme d’éco-anxiété en 2007. Il a observé cette forme d’anxiété chez les habitants de la Hunter Valley en Australie, qui ont vu leur environnement naturel détruit par l’exploitation minière. Depuis lors, le concept d’éco-anxiété a été repris et développé par de nombreux chercheurs et thérapeutes.

La psychothérapeute Charline Schmerber, spécialisée dans l’éco-anxiété, souligne que face à la dégradation de l’environnement, il est normal de ressentir des émotions négatives. « La tristesse et la colère sont des réactions normales face à la destruction de la planète », dit-elle. Cependant, elle insiste sur le fait que ces émotions peuvent aussi être une force motrice pour l’action. « L’éco-anxiété peut inciter à agir pour résoudre le problème du changement climatique », ajoute-t-elle.

En novembre 2021, une étude publiée par Sciences Po a révélé que près de la moitié des personnes interrogées se disaient préoccupées par l’éco-anxiété. Les plus inquiets étaient souvent ceux qui étaient les plus informés sur les problèmes environnementaux, notamment les gaz à effet de serre et les catastrophes naturelles.

La belgo-canadienne Véronique Lapaige, médecin-chercheuse spécialisée en éco-anxiété, a constaté que certaines catégories de personnes étaient plus susceptibles de ressentir cette anxiété. « Les femmes, les personnes âgées de 25 à 45 ans et les personnes ayant un niveau d’éducation élevé sont plus susceptibles de ressentir de l’éco-anxiété », explique-t-elle.

Cependant, l’éco-anxiété n’est pas seulement une source de détresse. Pour certains, elle peut aussi être une source de motivation. « L’éco-anxiété peut inciter les gens à agir pour l’environnement », explique Alice Desbiolles. « Elle peut les pousser à s’engager dans des actions en faveur de la transition écologique. »

En conclusion, l’éco-anxiété est une réalité pour de nombreuses personnes à travers le monde. Bien qu’elle puisse être source d’angoisse, elle peut aussi être un moteur pour l’action environnementale. Comme le souligne le GIEC dans son rapport de 2022, face à l’urgence climatique, il est plus important que jamais de prendre des mesures pour protéger notre planète. L’éco-anxiété, bien que difficile à vivre, peut être un catalyseur pour ce changement nécessaire.